Exploration artistique : Rythme, joie de vivre de Delaunay

Avez-vous déjà vu un tableau bouger ? Le Centre Pompidou et Namaki vous proposent de décrypter l’œuvre Rythme, joie de vivre de Robert Delaunay. Suivez-nous et vous verrez comment les artistes peuvent mettre du mouvement dans leurs peintures.

Robert Delaunay est né en 1885 à Paris. À 17 ans, il s’oriente vers la création de décors de théâtre. Pendant ces années, il s’initie à la lumière et à la perspective, éléments indispensables dans le théâtre. Quant à la peinture, il n’a jamais pris de cours aux Beaux-Arts, c’est un artiste autodidacte. Delaunay commence par exposer des paysages et des fleurs d’inspiration impressionniste. À cette époque, la peinture est le reflet de la nature et de la vie : le bleu est la couleur du ciel, le vert celle des végétaux. Mais Delaunay et d’autres peintres comme Fernand Léger, vont révolutionner l’utilisation de la couleur et des formes.

Robert Delaunay veut faire de la vibration des couleurs et de l’acte de voir le sujet même de la peinture. Comme les sons, chaque couleur a sa propre vibration. Deux couleurs proches, par exemple le jaune et l’orange, ont des vibrations similaires et vibrent rapidement. À l’inverse, un jaune orangé placé à côté d’un bleu violet dans une composition vibreront plus lentement. Ces théories sur les contrastes simultanés et la vibration des couleurs sont transposées dès 1912 dans la série des Fenêtres. La peinture de Delaunay n’est ainsi pas fondée sur une interprétation de la réalité car, selon lui, « en art, la lumière est la seule réalité.»

Les peintres, écrivains et philosophes sont partagés sur la contribution de Delaunay à la naissance du mouvement abstrait, qui débute en 1910. Selon Michel Seuphor, est « abstrait, tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée » (L’art abstrait, 1949). Or, pour peindre ses toiles – comme par exemple dans la série des Fenêtres (1912-1913), Delaunay va chercher son sujet dans le monde extérieur, qu’il déforme au profit de la couleur et de la lumière. Pour certains, la poésie dégagée par le travail de Delaunay sur la couleur permet de le considérer comme l’un des précurseurs de l’art abstrait. Pour d’autres, seules les toiles peintes dans les années 1930, dont Rythme, joie de vivre fait partie, appartiennent à ce mouvement de l’histoire de l’art.

En 1930, Delaunay reprend le thème des disques et des Formes Circulaires (série de toiles de 1912-1913). Avec Rythme, Joie de vivre, il propose une œuvre manifeste, véritable déclaration de sa vision artistique. Abandonnant définitivement la peinture impressionniste et les portraits, il replonge dans l’art abstrait et coloré. Loin de représenter la vie elle-même, la toile exprime littéralement le bonheur de vivre à travers la peinture. Deux autres compositions peintes en 1930 portent le même titre. Les formes géométriques abstraites et l’agencement des couleurs en-dehors de toute réalité le renvoient directement au mouvement abstrait.

Sur ce grand format, les cercles et demi-cercles concentriques créent une impression de mouvement. Tels des manèges multicolores, ils entraînent le regard dans un tourbillon que seules deux diagonales semblent pouvoir arrêter. Les variations de taille des disques et le jeu des couleurs accentuent l’effet d’élan et de mouvement perpétuel.

À l’exception du disque situé en haut à droite de la toile, Delaunay utilise, dans ses disques, les quatre dernières couleurs de l’arc-en-ciel (le rouge, l’orange, le jaune et le vert). La présence forte de teintes chaudes accentue l’effet dynamique et vibrant du tableau. En focalisant le regard sur les disques alignés, la toile hypnotise et donne le tournis. Assemblés comme des constellations ou des engrenages, les disques donnent au tableau à la fois son rythme percutant et son ambiance poétique.

Un éléphant avec une grande trompe ? Un œil qui t’observe ? En concentrant ton regard sur une partie de la toile plutôt qu’une autre, tu peux laisser vaquer ton imagination. Alors, que vois-tu ?

Grâce à la palette maquillage de Namaki, tu peux toi aussi jouer avec les couleurs et les formes. Tracer des cercles avec le pinceau n’est pas toujours simple. Tu veux une astuce ? Découpe un rond dans un carton pour t’en servir de guide et dessiner le contour. N’hésite pas à mélanger les couleurs pour obtenir encore plus de couleurs et amuse-toi à tracer aussi des diagonales, des demi-cercles…

Puisque le mouvement est au cœur de cette toile de Delaunay, pourquoi ne pas en profiter pour bouger ? Sur une musique que tu aimes bien, amuse-toi en dansant et en tournant sur toi-même. Mais, attention au tournis ! Pour agrandir tes mouvements, tu peux tenir des foulards dans tes mains ou les accrocher à tes poignets. Autre option plus difficile si tu aimes les challenges avec les copains : tu peux aussi poser sur ta main une assiette (en carton, pas la jolie vaisselle de maman, on est d’accord), un frisbee, une pièce de monnaie, et te remettre à danser sans les faire tomber.

Félicitations, vous venez de parcourir les couloirs de l’imagination de Delaunay ! Pour compléter cette lecture, vous pouvez :

• Feuilleter le livre dédié à une autre célèbre toile de Delaunay, La Tour Eiffel, dans la collection “L’art en Jeu”, aux Éditions du Centre Pompidou.
• Découvrir la toile Rythme, Joie de Vivre au Centre Pompidou.